Dans ma carrière, j’ai souvent constaté chez certains chercheurs d’emploi qu’ils n’avaient pas encore fait le deuil de leur poste précédent. Je me demandais alors : comment monter dans un nouveau wagon si le voyage du précédent n’est pas encore achevé ? Chaque transition professionnelle marque la fin de quelque chose (études, stage, emploi) et le début de quelque chose d’autre (emploi, retraite, congé). Mais entre les deux, il y a un deuil à vivre. Comment gérer un deuil professionnel? C’est ce que nous aborderons aujourd’hui.
Comment relâcher le passé pour accueillir du neuf?
Exprimer les émotions ressenties
En coaching de personnes licenciées (aussi appelé coaching de transition de carrière), j’accueille des gens en colère de voir leur plan professionnel basculer au gré de la volonté discrétionnaire de l’employeur. Certains sont indignés du traitement ingrat qui leur est réservé en fin d’emploi. La tristesse de quitter des collègues appréciés et une entreprise à laquelle tant de temps, d’énergie et de loyauté ont été consacrés guette toute personne qui change d’emploi, volontairement ou non.
Les émotions non exprimées sortent tout de même des pores de la peau, tentant de s’échapper, et l’entourage immédiat écope alors du ressenti. Les recruteurs en ont pleinement conscience. Ainsi vaut-il mieux parler de ce que vous vivez et trouver du soutien professionnel pour évacuer les émotions qui vous assaillissent et vous embrouillent lorsque vous faites face à un tel deuil professionnel.
Reprendre le contrôle sur sa destinée
Parfois le changement de situation professionnelle est mûrement choisi, en ayant pesé les avantages et inconvénients dans une balance décisionnelle. Cette balance a fini par pencher d’un côté et le choix s’est fait. Le deuil est plus facile à traverser. Mais qu’en est-il lorsqu’une fin d’emploi s’est imposée contre votre gré?
En un tel cas, il m’arrive de demander au client en coaching d’écrire une lettre d’adieu à son employeur (sans toutefois la lui envoyer) ou encore de rédiger sa lettre de démission fictive. Cet acte, en apparence absurde, permet l’évacuation des émotions présentes, mais aussi une reprise de pouvoir sur sa situation qui, autrement, lui échappe.
Je lui pose aussi ces questions : Si tu avais choisi de partir, que quitterais-tu? Que ne veux-tu plus revivre dans ton prochain emploi? En quoi cette fin d’emploi est-elle plutôt un cadeau déguisé? Quel bénéfice as-tu à retirer de cette situation? Quel apprentissage fais-tu maintenant qui oriente tes futures décisions de carrière?
Accepter le changement
Lorsqu’un changement professionnel survient, c’est le moment privilégié pour faire son bilan de carrière. Autrement, on ne s’y arrête peut-être pas. Revoir son parcours, ses choix, ses sources de satisfaction et de fierté, ainsi que ses difficultés et embûches. Il est utile de réfléchir tant sur ses intérêts professionnels évolutifs au fil des expériences et des stades de vie que sur l’environnement de travail le plus propice à son épanouissement.
Revisiter sa vie professionnelle, la raconter de vive voix et s’entendre le dire permet de faire la paix avec son passé professionnel et de se situer dorénavant au moment présent. S’en suivent cette question et cette réflexion : Tout cet historique, derrière toi, t’amène à devenir qui, aujourd’hui et maintenant? À toi de partir à la quête de ce que tu veux devenir, accomplir, laisser en héritage. D’en venir qu’à soupeser tes choix sur la balance selon tes critères de sélection. La vie t’appartient désormais.
Conclusion
Selon Zippia, en moyenne, une personne change 12 fois d’emploi au cours de sa vie active. C’est donc dire que nous aurons des occasions répétées au cours de notre existence pour apprendre à gérer un deuil professionnel. Parfois, celui-ci sera plus court; d’autres fois, cela prendra des mois, voire des années, à traverser. Mais le cheminement reste le même : exprimer ses émotions, reprendre le contrôle sur sa vie et choisir d’avancer dignement et consciemment vers sa prochaine destinée.
Une fois son deuil professionnel traversé, les portes s’ouvrent et la nouvelle aventure commence.
Besoin d’aide pour gérer un deuil professionnel?
Kathleen Poirier, CRHA, PCC est coach de gestion certifiée et présidente de Coaching RH.
Forte de 25 ans d’expérience en gestion des ressources humaines, elle accompagne les professionnels en réflexion de carrière/retraite et les personnes licenciées à rebondir après une fin d’emploi. Membre ICF Mondial et CRHA, elle est également praticienne certifiée iEQ9 et auteure d’articles sur la gestion et la carrière.
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